• Samedi 29 avril 2017 , à L’Armor Pleubian

    Pomme de terre « Duke » : un léger goût de revenez-y !

    En choisissant pour thème la pomme de terre « Duke », Le Papillon de la Presqu’île a donné à sa deuxième Causerie de l’année, le samedi 29 avril, à L’Armor Pleubian, une saveur toute particulière, un léger goût de revenez y ! L’arrière salle du café Le Talbert a fait le plein d’un auditoire visiblement alléché par le sujet. Côté comptoir, même curiosité soutenue.LES CAUSERIES DU PAPILLON

    Avec la Duke, ce sont cent ans d’histoire de l’agriculture du secteur. Cette espèce d’origine anglaise, la Royal Kidney Duke, a été introduite dans le Trégor au début du siècle dernier. Par des saisonniers qui travaillaient sur l’île de Jersey et qui ont eu la bonne idée de rapporter de la semence de cette pomme de terre prim’.

    LES CAUSERIES DU PAPILLON

    Aujourd’hui, la culture de la Duke ne donne plus lieu à un courant d’échanges comme cela a été le cas dans l’entre deux guerres. Elle aura fait vivre plusieurs générations de cultivateurs, mais aussi d’armateurs et de marins puisque l’essentiel de la production était vendue en Angleterre, nos cousins d’Outre Manche raffolant de cette pomme de terre à chair blanche. A cette époque, où « Londres était en quelque sorte plus près que Paris », quelque 20000 tonnes étaient produites en Bretagne, la Presqu’île y étant pour une large part.

    Aujourd’hui, la production bat son plein, sur l’île de Jersey. La Duke y règne sur quelque 5000 hectares et cela suffit à satisfaire les besoins des sujets de Sa Très Gracieuse Majesté.


    Animée conjointement par Guy Prigent, ethnologue membre du Papillon, et Christian Porteneuve, ancien directeur de la station d’essais de cultures légumières de Pleumeur-Gautier, cette Causerie a tenu, pour une large part, ses promesses. D’abord et surtout, parce qu’elle a favorisé la prise de parole, l’objet même de ce type de rendez-vous où il ne s’agit pas de causer pour ne rien dire. Au témoignage sonore et conservé d’Eugène Guillou, installé en Presqu’ile en 1934, sont venus s’ajouter ceux de professionnels bien au fait de la question, Dominique Le Bleiz, de Kermouster, Hubert Jacob, président de l’UCPT (Union des opératives de Paimpol et de Tréguier), Philippe Capitaine, de Lanmodez, et
    LES CAUSERIES DU PAPILLONPierre Kerleau, ancien cultivateur, lui aussi de Lanmodez. De l’anecdote au problème de fond, instructif et passionnant !

    Sur le fil de la chronologie, la discussion aura permis de comprendre les raisons qui ont provoqué le déclin de cette pomme de terre pourtant si prisée par les papilles averties. Trop difficile à conserver, les agriculteurs ont fini par lui préférer des variétés nouvelles, offrant des rendements supérieurs. Le déclin s’est accentué au début des années 1970. Aujourd’hui, la Duke fait le bonheur de particuliers qui ont su protéger la semence. Reine d’une terre récupérée sur la lande couverte d’ajoncs, la Duke continue à germer sur quelques parcelles, dans des jardins potagers entourés par des pelouses.

    LES CAUSERIES DU PAPILLONTous naturellement, la question qui brûlait les lèvres a fini par jaillir. La Duke retrouvera-t-elle du crédit auprès des agriculteurs aujourd’hui accaparés par l’artichaut, le chou et le chou-fleur ? « Et, nous autres consommateurs pourrons nous nous en procurer ? » A l’heure du développement de la culture bio, on se prend à croire que les professionnels ont, là, matière à développer un marché de proximité. Côté gustatif, la Duke a autant, sinon plus, d’atouts que la Bonnotte de l’île de Noirmoutier et des tubercules de l’île de Ré. L’air marin souffle aussi sur la Presqu’île et l’on peut toujours amender la terre avec des algues.

    La tentative de mettre en place une appellation d’origine protégée (AOP) ayant échoué dans les années 1990, l’idée de remettre ça « sur le tapis » a été évoquée, mais sans trouver la réponse espérée. Certains seront donc restés sur leur faim *, mais l’essentiel, ce soir là, aura

    été de pouvoir échanger, donc de donner à chacun des éléments d’appréciation. Et qui sait si la Duke ne retrouvera pas un jour ses couleurs d’antan ?


    * Christian Porteneuve et Guy Prigent n’ont pas caché leur espoir de voir la Duke reprendre du tonus en Presqu’île. Notre ami du Papillon de la Presqu’île exprime clairement son souhait dans une chronique sur la Duke dans un ouvrage collectif « Savez-vous goûter les tubercules ? », ouvrage publié aux Editions Presse de l’Ecole des hautes études en santé publique.

    « Vu dans la Presse d'Armor du 19 Avril 2017Vu dans la presse d'Armor du 29 Avril »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :