-
Vendredi 24 février 2017 à Kermouster
Pleins feux sur les « Pharbal » à La Cambuse
Les «Pharbal » ! Comprenez, les ¨Phares & Balises ! C’est sur ce thème que s’est tenue la première Causerie de l’année organisée par Le Papillon de la Presqu’île.
Vendredi 24 février, à compter de 18 h, il était quasiment impossible de trouver une place assise dans l’arrière salle du café épicerie La Cambuse de Kermouster. Même si le lieu est exigu et ne peut donc prétendre accueillir plus de monde que ne l’autorisent les murs de cette ancienne école, on peut y voir la preuve que cette thématique des phares reste bien ancrée dans les esprits, Les phares conservent une image forte dans le subconscient collectif.
Cependant, comme cela avait été annoncé, il ne s’agissait pas d’ouvrir un énième chapitre de la longue histoire des gardiens de phare. La modernisation galopante a, telle une vague scélérate, balayé toute présence humaine dans ces établissements installés sur des îlots et des plateaux rocheux. Les « Pharbal », sur le secteur de la subdivision de Lézardrieux, cela représente aujourd’hui, antenne de Saint Malo comprise, une cinquantaine de personnes. Et une diversité de métiers : maçons, forgerons, menuisiers, électriciens, électromécaniciens sans oublier les marins. C’est cette autre réalité humaine qui a été au centre des échanges de la soirée.
La dangerosité du métier demeure
Une soirée jugée fort intéressante par celles et ceux qui ont pu y assister. Intéressante, par la qualité des documentaires sélectionnés par Guy Prigent, animateur au sein du Papillon pour tout ce qui se réfère à l’histoire locale et à l’ethnologie. Mais également enrichissante par les précisions apportées par Patrick Coadalan, le directeur de la subdivision des « Pharbal » et son adjoint Gérard Raoul. Ajoutons à cela, le choix judicieux consistant à illustrer la conversation par un jeu de diapositives mettant en lumière le travail d’Isabelle Plumier-Lagrange, auteure d’un ouvrage « Des Hommes au service des Phares » illustré par une soixantaine de ses aquarelles. Deux ans durant, l’artiste peintre s’est immergée dans le petit monde des « Pharbal » et si les phares de la côte nord de la Bretagne se dressent au fil des pages, ce sont surtout des hommes que l’on voit à l’œuvre.
On a ainsi pu mesurer l’œuvre du temps. Aujourd’hui, les équipages des bateaux de service n’abordent plus de la même façon la cale des Roches Douvres (dont un documentaire nous a montré les grandes étapes de sa reconstruction après guerre), le phare d’Europe le plus éloignée des côtes. Le progrès est venu alléger la tâche, mais, et cela aura été souligné moult fois pendant la soirée, la dangerosité demeure. Assurer l’entretien d’un phare, redonner de la couleur aux tourelles ou s’en venir remplacer un espar indiquant la présence de têtes de roches n’est pas à la portée du premier venu. Les agents des phares et balises ont suivi une formation spécifique pour pouvoir travailler accroché à un filin ou sur une nacelle à l’équilibre instable. Toujours en composant avec les humeurs de la mer.
Service à la navigation maintenu
Les questions qu’il ne fallait pas rater ont, bien évidemment été posées. « Est-ce que demain les phares auront la même utilité compte tenu des évolutions technologiques en matière de navigation ? Les gardiens n’étant plus là, comment être sûr que la lanterne des phares fonctionne toujours ? Que fait-on en cas de panne ? ». Tout en se gardant d’injurier l’avenir, évoquant la possibilité de recourir aux drones pour certains types d’interventions, les deux responsables des « Pharbal » ont laissé entendre que, pour l’heure, les phares ont toujours vocation à servir le navigateur. Tout est mis en œuvre pour que la lumière soit. Dans la salle des optiques, la lampe à pétrole, comme celle qui a longtemps servi aux Triagoz (sujet d’un des documentaires) n’est plus de mise. Vive les ampoules LED ! Ici et là, les panneaux solaires ont pris la place des aérogénérateurs. En cas de panne, une lampe de secours prend la relève. Pour autant, on reste à la merci d’un black out, comme cela fut le cas aux Roches Douvres, suite à un violent orage. Il fallut plusieurs jours pour le remettre en état. Aujourd’hui, les phares sont en permanence surveillés à distance, 24 h sur 24, mais « pas question de jouer les pompiers » précisera Patrick Coadalan. Même en cas de panne totale ! Parce aujourd’hui, tous les bateaux sont équipés du matériel qui leur assure leur autonomie « visuelle ». L’urgence n’est plus là. D’autant que dans ce domaine de la sécurité, il faut également tenir compte des contraintes budgétaires, contraintes qui ont pesé sur les effectifs. Les deniers de l’Etat étant ce qu’ils sont, mieux vaut veiller à ce que les opérations de remise en marche se fassent à bon escient.
Dans un documentaire, datant déjà de plusieurs années, il nous a été donné d’entendre Bernard Padel, ancien patron du sablier de l’armement Goaziou rappeler cette vérité qui résistera à la marche du temps. Pour avoir longtemps su naviguer à l’estime, « le nez dans la brume », entre les récifs du secteur, il déclarait alors : « GPS ou pas, ce qui prime c’est le sens marin ». Une évidence que nulle ne peut contester.
Des hommes au service des phares, par Isabelle Plumier-Lagrange.- Contact : isa.plumier@free.fr Site Internet : http//www.isaquarelles.com
-
Commentaires
Salut à tous, les textes c'est bien et c'est intéressant, qui écrit ces textes ? ils ne comportent pas de signature.