• Vendredi 4 mai 2018, à Kermouster

    Causerie fort instructive sur l’élevage porcin

     

    Vendredi 4 mai 2018, à KermousterSujet sensible, Causerie fort instructive. C’est sur le fil rouge du nécessaire dialogue que s’est tenue, le vendredi 4 mai, à La Cambuse de Kermouster, la deuxième Causerie de l’année. Même si le secteur de la Presqu’île n’est pas directement impacté par des stations d’élevage porcin, ce secteur de l’agriculture n’en demeure pas moins, ici aussi, celui qui est le plus soumis au regard critique du consommateur, du défenseur de l’environnement et de celui du bien être animal. Le département des Côtes d’Armor a le « redoutable » honneur d’être le champion toutes catégories dans ce domaine.

    Les professionnels qui se sont spécialisés dans cet élevage font désormais face à des oppositions multiples. Déjà confrontés aux aléas du marché et à un bras de fer quasi permanent avec la grande distribution, il leur faut affronter un questionnement de plus en plus pressant. Un vent de fronde qu’ils ont de plus en plus de mal à supporter, car, pour eux, bien des critiques reposent sur une méconnaissance des réalités de leur métier, sur des préjugés et des a priori. Ce samedi 4 mai 2018, à Kermouster, Le Papillon de la Presqu’île a souhaité démêler le vrai du faux, en invitant des professionnels à venir s’expliquer. C’est Philippe Le Goux, ancien éleveur lui-même, aujourd’hui en charge de la communication pour la coopérative Aveltis, par ailleurs maire de Pléguien, qui a accepté de donner suite à notre initiative.Vendredi 4 mai 2018, à Kermouster

    La coopérative Aveltis est un « poids lourd » de l’élevage porcin. Philippe Le Goux a du faire preuve de pédagogie pour tenter de persuader l’assistance que tout est fait au sein de cette corporation pour gommer les erreurs du passé, générées par une politique productiviste orientée vers l’exportation. Nous sommes dans les années 60 et c’est Edgar Pisani, alors ministre de l’Agriculture, promoteur de cette stratégie qui a profondément transformé les campagnes, qui va, pour la France, porter sur les fonds baptismaux la PAC, la politique agricole commune, au sein de la Communauté économique européenne. Le recours aux pesticides pour faire pousser le blé, le maïs, l’orge et le soja nécessaires à l’engraissage ne génère alors aucune inquiétude.

    Avec le porc, c’est la Bretagne qui devient région pilote. Elle le demeure : 14 millions de porcs l’an, soit 60% de la production nationale ; plus de 5000 exploitations où naissent et grandissent les cochons, six mois durant, jusque l’abattage. En amont : 4 usines de production d’aliments (4 millions de tonnes). Avec à la clef : 31000 emplois induits.

    Dans quelques jours Aveltis aura conduit jusqu’à son terme la fusion avec un autre groupement d’élevage porcin (*lire note). A écouter Philippe Le Goux, là est l’incontournable nécessité pour permettre au réseau des exploitations familiales de faire face à la concurrence européenne. Alors que cette coopérative fournit annuellement au marché un peu plus de 3 millions de porcs, au Danemark on franchit allègrement le seuil des 20 millions de tête.

    Une nécessité, ne serait-ce que pour défendre le modèle français, lequel, quoi qu’en disent ses détracteurs, n’a eu de cesse de répondre à l’attente d’un consommateur de plus en plus soupçonneux. C’est ce message qu’a adressé Philippe Le Goux. A-t-il été reçu cinq sur cinq ?

    Le chargé de communication a su, incontestablement, abattre quelques certitudes erronées. Notamment en démontrant, quasiment preuve à l’appui, que les exploitants n’ont eu de cesse, depuis la première directive nitrate européenne de 1991, de réduire l’impact des nuisances, dans le traitement du lisier, dans les méthodes d’épandages, dans le traitement sanitaire des bêtes. « Le lisier de porc est aujourd’hui labellisé pour les cultures biologiques. La filière porcine est celle qui a baissé le plus fortement l’usage des antibiotiques » a déclaré en substance Philippe Le Goux. Le lisier, pour partie expurgé de son azote, est utilisé à des doses adaptées aux besoins de la plante. Aujourd’hui, les éleveurs se servent des progrès de la technologie : GPS sur le tracteur, drone, etc.

    A l’appui de ces affirmations, Etienne Legrand, éleveur à Pommerit-Kericuff, a apporté son témoignage avec des arguments convaincants puisque relevant du bon sens. Peut-on imaginer qu’un éleveur qui court après la rentabilité puisse de permettre d’utiliser massivement des antibiotiques et des engrais minéraux pour arriver à ses fins alors qu’il sait combien cela va peser dans le bilan d’exploitation et que le consommateur l’attend au virage.

    Même si toutes les exploitations n’ont pu encore acquérir leur propre station de traitement du lisier - pour des raisons de coûts actuellement difficilement supportables en raison de la situation et les perspectives du marché – le mouvement est lancé. Les éleveurs de porcs sont bel et bien engagés dans une course contre la montre.

    Une course contre la montre car tout laisse à penser que nos habitudes alimentaires vont se modifier dans un temps peut-être pas si lointain que ça. Même si le porc reste encore la viande la plus consommée en France (32kg/an/habitants), la tendance est à la baisse « Il y a dix ans on en consommait encore 36 kg » indiquera Philippe Le Goux. Cette tendance risque fort de ne pas se renverser. Qui ne connaît pas autour de lui, à même sa famille parfois, des végétariens. Même si on peut s’étonner de son ancrage grandissant, notamment au sein des nouvelles générations, le mouvement Vegan s’ajoute à la problématique. Sans parler de ces start up qui commencent à mettre au point des saucisses végétariennes. Aujourd’hui, c’est le jambon qui a encore la cote du consommateur. A un point tel qu’il faut en importer. Pour les éleveurs, il faut chercher à produire des bêtes à haute valeur ajoutée.

    Sujet sensible, Causerie fort instructive, disions nous en préambule. Nous ne pouvions ici que rendre compte partiellement de la richesse des échanges que cette conférence débat a générée. Elle aura eu pour premier mérite de modifier bien des regards. D’une meilleure connaissance peut naître la reconnaissance.

     * Sans plus de précision, Philippe Le Goux avait annoncé, ce soir là, la fusion prochaine de la coopérative Aveltis avec un autre groupement d’éleveurs de porcs bretons. Aveltis (Landivisiau, 3.300.000 porcs/an)) et Prestor (Kersaint Plabennec, 1.750.000 ), qui travaillent déjà de conserve depuis plusieurs mois, vont officiellement ne faire plus qu’un à l’occasion de leurs assemblées générales du mois de juin. La nouvelle coopérative totalisera à elle seule 100000 porcs par semaine, produits par 1160 éleveurs de Bretagne et des Pays de Loire. La nouvelle structure fera ainsi jeu égal avec la Cooperl, le numéro un français.

     

     

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